Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/355

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la grisette ; — mais maintenant je l’excuse… je m’en veux même de la lui avoir reprochée…

— D’abord parce que vous savez qu’il avait malheureusement beaucoup de sujets de chagrin, et puis… peut-être parce que vous voilà certaine que, malgré cette tristesse… il vous aimait d’amour ? — ajouta Rodolphe en souriant.

— C’est vrai… être aimée d’un si brave jeune homme, ça flatte le cœur… n’est-ce pas, monsieur Rodolphe ?

— Et un jour peut-être vous partagerez cet amour.

— Dame ! monsieur Rodolphe, c’est bien tentant ; ce pauvre Germain est si à plaindre ! Je me mets à sa place… si, au moment où je me croyais abandonnée, méprisée de tout le monde, une personne, bien amie, venait à moi encore plus tendre que je ne l’espérais, je serais si heureuse ! — Après un moment de silence, Rigolette reprit avec un soupir : — D’un autre côté… nous sommes si pauvres tous les deux que ça ne serait peut-être pas raisonnable… Tenez, monsieur Rodolphe, je ne veux pas penser à cela, je me trompe peut-