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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/40

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mon sauveur, toujours grâce à vous, je me serai créé d’autres intérêts ; la charité remplacera l’amour… J’ai déjà dû à vos conseils de si touchantes émotions !… Vos paroles, monseigneur, ont tant d’influence sur moi !… Plus je médite, plus j’approfondis vos idées, plus je les trouve justes, grandes, fécondes. Puis, quand je songe que, non content de prendre en commisération des peines qui devraient vous être indifférentes, vous me donnez encore les avis les plus salutaires, en me guidant pas à pas dans cette voie nouvelle que vous avez ouverte à un pauvre cœur chagrin et abattu… oh ! monseigneur, quel trésor de bonté renferme donc votre âme ? Où avez-vous puisé tant de généreuse pitié ?

— J’ai beaucoup souffert, je souffre encore : voilà pourquoi je sais le secret de bien des douleurs !

— Vous, monseigneur, vous, malheureux !

— Oui, car l’on dirait que, pour me préparer à compatir à toutes les infortunes, le sort a voulu que je les subisse toutes… Ami, il m’a frappé dans mon ami ; amant, il m’a frappé dans la première femme que j’ai aimée