Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/123

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Le petit vieillard de la rue du Roule… la femme noyée… le marchand de bestiaux… et toi… planant au-dessus de ces fantômes…

Je te dis que cela est effrayant.

Je suis aveugle… et ma pensée prend une forme, un corps, pour me représenter incessamment d’une manière visible, presque palpable… les traits de mes victimes…

Je n’aurais pas fait ce rêve affreux, que mon esprit, continuellement absorbé par le souvenir de mes crimes passés, eût été troublé des mêmes visions…

Sans doute, lorsqu’on est privé de la vue, les idées obsédantes s’imaginent presque matériellement dans le cerveau…

Pourtant… quelquefois, à force de les contempler avec une terreur résignée… il me semble que ces spectres menaçants… ont pitié de moi… ils pâlissent… s’effacent et disparaissent… Alors je crois me réveiller d’un songe funeste… mais je me sens faible, abattu, brisé… et, le croirais-tu… oh ! comme tu vas rire… la Chouette !… je pleure… entends-tu ?… je pleure… Tu ne ris pas ?… Mais ris donc !… ris donc !…