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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/133

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rouche, ses longs cheveux noirs et plats retombant sur le col de sa blouse bleue déchirée dans la lutte, Barbillon était assis sur un banc ; ses poignets, serrés dans les menottes de fer, reposaient sur ses genoux.

L’apparence juvénile de ce misérable (il avait à peine dix-huit ans), la régularité de ses traits imberbes, déjà flétris, dégradés, rendaient plus déplorable encore la hideuse empreinte dont la débauche et le crime avaient marqué cette physionomie.

Impassible, il ne disait pas un mot.

On ne pouvait deviner si cette insensibilité apparente était due à la stupeur ou à une froide énergie ; sa respiration était fréquente ; de temps à autre, de ses deux mains entravées il essuyait la sueur qui baignait son front pâle.

À côté de lui on voyait Calebasse ; son bonnet avait été arraché ; sa chevelure jaunâtre, serrée à la nuque par un lacet, pendait derrière sa tête en plusieurs mèches rares et effilées. Plus courroucée qu’abattue, ses joues maigres et bilieuses quelque peu colorées, elle contemplait avec dédain l’accablement de son