j’allais me rendre chez mon père, lorsque ma belle-mère entra.
» Malgré sa fausseté, malgré l’empire qu’elle possédait ordinairement sur elle-même, elle parut atterrée de ma brusque arrivée.
» — M. d’Orbigny ne s’attend pas à votre visite, madame — me dit-elle. — Il est si souffrant qu’une pareille surprise lui serait funeste. Je crois donc convenable de lui laisser ignorer votre présence ; il ne pourrait aucunement se l’expliquer, et…
» Je ne la laissai pas achever.
» — Un grand malheur est arrivé, madame, — lui dis-je. — M. d’Harville est mort… victime d’une funeste imprudence. Après un si déplorable événement, je ne pouvais rester à Paris chez moi, et je viens passer auprès de mon père les premiers temps de mon deuil.
» — Vous êtes veuve !… — ah ! c’est un bonheur insolent ! — s’écria ma belle-mère avec rage.
» D’après ce que vous savez du malheureux mariage que cette femme avait tramé pour se venger de moi, vous comprendrez, monseigneur, l’atrocité de son exclamation.