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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/189

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gouttes de la liqueur qu’il contient dans une potion qu’il offrait à mon père.

» — Un praticien de la ville voisine analysera devant vous le contenu de ce flacon que je vais déposer entre vos mains, monsieur le comte, et s’il est prouvé qu’il renferme un poison lent et sûr — dit Walter Murph à mon père — il ne pourra plus vous rester de doute sur les dangers que vous couriez, et que la tendresse de madame votre fille a heureusement prévenus.

» Mon pauvre père regardait tour à tour sa femme, le docteur Polidori, moi et sir Walter d’un air égaré ; ses traits exprimaient une angoisse indéfinissable. Je lisais sur son visage navré la lutte violente qui déchirait son cœur. Sans doute il résistait de tout son pouvoir à de croissants et terribles soupçons, craignant d’être obligé de reconnaître la scélératesse de ma belle-mère ; enfin, cachant sa tête dans ses mains, il s’écria :

» — Oh ! mon Dieu, mon Dieu !… tout cela est horrible… impossible. Est-ce un rêve que je fais ?

» — Non, ce n’est pas un rêve… — s’écria