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globe de l’œil ; son menton est nettement accusé ; son nez, droit et fin, se termine par deux narines mobiles qui se dilatent à la moindre émotion ; sa bouche, insolente et amoureuse, est d’un pourpre vif.

Qu’on s’imagine donc cette figure incolore, avec son regard tout noir qui étincelle, et ses deux lèvres rouges, lisses, humides, qui luisent comme du corail mouillé.

Disons-le, cette grande créole, à la fois svelte et charnue, vigoureuse et souple comme une panthère, était le type incarné de la sensualité brutale qui ne s’allume qu’aux feux des tropiques.

Tout le monde a entendu parler de ces filles de couleur pour ainsi dire mortelles aux Européens, de ces vampires enchanteurs qui, enivrant leur victime de séductions terribles, pompent jusqu’à sa dernière goutte d’or et de sang, et ne lui laissent, selon l’énergique expression du pays, que ses larmes à boire, que son cœur à ronger.

Telle est Cécily.

Seulement ses détestables instincts, quelque temps contenus par son véritable atta-