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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/265

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— Toujours les mêmes. Sans vos compliments significatifs sur ma taille et sur ma beauté, je ne vous aurais peut-être pas fait cet aveu… que votre perspicacité eût d’ailleurs tôt ou tard provoqué… Écoutez-moi donc bien, mon cher maître : j’ai accepté momentanément la condition ou plutôt le rôle de servante ; les circonstances m’y obligent… j’aurai le courage de remplir ce rôle jusqu’au bout… j’en subirai toutes les conséquences… je vous servirai avec zèle, activité, respect, pour conserver ma place… c’est-à-dire une retraite sûre et ignorée. Mais au moindre mot de galanterie, mais à la moindre liberté que vous prendriez avec moi, je vous quitte… non par pruderie… rien en moi, je crois, ne sent la prude…

Et elle darda un regard chargé d’électricité sensuelle jusqu’au fond de l’âme du notaire, qui tressaillit.

— Non, je ne suis pas prude — reprit-elle avec un sourire provocant qui laissa voir des dents éblouissantes. — Vive Dieu !… quand l’amour me mord, les bacchantes sont des saintes auprès de moi… Mais soyez juste… et vous conviendrez que votre servante indigne