Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la créole, et sur ses doigts velus l’impression électrique de ses lèvres fraîches et fermes…

— Oh ! tu seras à moi… je serai ton tigre — s’écria-t-il — et après, si tu le veux, tu me déshonoreras, tu feras tomber ma tête… Mon honneur, ma vie, tout est à toi maintenant…

— Ton honneur ?

— Mon honneur ! Écoute : il y a dix ans, on m’avait confié un enfant et deux cent mille francs qu’on lui destinait ; j’ai abandonné l’enfant, je l’ai fait passer pour morte au moyen d’un faux acte de décès, et j’ai gardé l’argent…

— C’est habile et hardi… qui aurait cru cela de toi ?…

— Écoute encore : je haïssais mon caissier… Un soir, il avait pris chez moi un peu d’or qu’il m’a restitué le lendemain ; mais pour perdre ce misérable, je l’ai accusé de m’avoir volé une somme considérable. On m’a cru, on l’a jeté en prison… Maintenant mon honneur est-il à ta merci ?

— Oh !… tu m’aimes… Jacques… tu m’aimes… Me livrer ainsi tes secrets… quel empire ai-je donc sur toi ?… Je ne serai pas ingrate…