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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/308

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Il resta long-temps là, muet, immobile, pétrifié.

Les yeux fixes, hagards, les dents serrées, la bouche écumante, labourant machinalement de ses ongles sa poitrine qu’il ensanglantait, il sentait sa pensée s’égarer et se perdre dans un abîme sans fond.

Lorsqu’il sortit de sa stupeur, il marchait pesamment et d’un pas mal assuré ; les objets vacillaient à sa vue comme s’il sortait d’une ivresse profonde…

Il ferma violemment la porte de la rue et rentra dans sa cour…

La pluie avait cessé.

Le vent, continuant de souffler avec force, chassait de lourdes nuées grises qui voilaient, sans l’obscurcir, la clarté de la lune dont la lumière blafarde éclairait la maison.

Un peu calmé par l’air vif et froid de la nuit, Jacques Ferrand, espérant combattre son agitation intérieure par la précipitation de sa marche, s’enfonça dans les allées boueuses de son jardin, marchant à pas rapides, saccadés, et de temps à autre portant à son front ses deux poings crispés…