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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/351

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chacun mettait ses mains sur ses poches ; je ne pouvais donc pas m’empêcher de crever de faim dans un trou pareil, que je ne devais pas quitter pendant cinq ans. Voyant ça, je romps mon ban pour venir à Paris utiliser mes talents. Comme je n’avais pas de quoi venir en carrosse à quatre chevaux, je suis venu en gueusant et en mendiant tout le long de la route, évitant les gendarmes comme un chien les coups de bâton ; j’avais eu du bonheur, j’étais arrivé sans encombre jusqu’auprès d’Auteuil. J’étais harassé, j’avais une faim d’enfer, j’étais vêtu… comme tu vois, sans luxe… — Et Pique-Vinaigre jeta un coup d’œil goguenard sur ses haillons. — Je ne portais pas un sou sur moi, je pouvais être arrêté comme vagabond. Ma foi, une occasion s’est présentée, le diable m’a tenté, et malgré ma poltronnerie…

— Assez… mon frère, assez — dit sa sœur, craignant que le gardien, quoique à ce moment assez éloigné de Pique-Vinaigre, n’entendît ce dangereux aveu.

— Tu as peur qu’on écoute — reprit-il