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soupe grasse du matin, trempée avec la moitié d’un pain supérieur en qualité au pain des soldats[1].

Les prisonniers qui possédaient quelque argent pouvaient acheter du vin à la cantine, et y aller boire, en termes de prison, la gobette.

Ceux enfin qui, comme Nicolas, avaient reçu des vivres du dehors, improvisaient un festin auquel ils invitaient d’autres détenus. Les convives du fils du supplicié furent le Squelette, Barbillon, et, sur l’observation de celui-ci, Pique-Vinaigre, afin de le bien disposer à conter.

Le jambonneau, les œufs durs, le fromage et le pain blanc dus à la libéralité forcée de Micou le recéleur furent étalés sur un des bancs du chauffoir, et le Squelette s’apprêta à

  1. Tel est le régime alimentaire des prisons : au repas du matin, chaque détenu reçoit une écuellée de soupe maigre ou grasse, trempée avec un demi-litre de bouillon. — Au repas du soir, une portion de bœuf d’un quarteron, sans os, ou une portion de légumes, haricots, pommes de terre, etc. ; jamais les mêmes légumes deux jours de suite. — Sans doute les détenus ont droit, au nom de l’humanité, à cette nourriture saine et presque abondante… Mais, répétons-le, la plupart des ouvriers les plus laborieux, les plus rangés, ne mangent pas de viande et de soupe grasse dix fois par an.