Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coups-là, Gringalet ne se sentait plus si malheureux… Lui qui ne riait jamais, il souriait, il faisait le crâne, mettait son bonnet de travers (quand il avait un bonnet), et chantonnait La Marseillaise d’un air vainqueur… Dans ce moment-là, il n’y avait pas une araignée capable d’oser le regarder en face.

» Une autre fois, c’était un cri-cri qui se noyait et se débattait dans un ruisseau… vite Gringalet jetait bravement deux de ses doigts à la nage, et rattrapait le cri-cri, qu’il déposait ensuite sur un brin d’herbe… un maître nageur médailliste, qui aurait repêché son dixième noyé à cinquante francs par tête, n’aurait pas été plus fier que Gringalet quand il voyait son cri-cri gigoter et se sauver…

» Et pourtant le cri-cri ne lui donnait ni argent ni médaille, et ne lui disait pas seulement merci, non plus que la mouche… Mais alors, Pique-Vinaigre, mon ami, me dira l’honorable société, quel diable de plaisir Gringalet, que tout le monde battait, trouvait-il donc à être le libérateur des cri-cris et le bourreau des araignées ? Puisqu’on lui faisait du mal, pourquoi qu’il ne se revengeait pas