Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/354

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« Vous dites, monsieur, que la justice civile est trop chère pour les pauvres gens. Je crois que, dans son malheur, la femme dont vous peignez la triste situation avait un abri sûr contre la brutalité, les persécutions et les désordres de son mari ; il lui suffisait de déposer sa plainte au parquet de M. le procureur du Roi ; des poursuites auraient été dirigées par ce magistrat au nom de la vindicte publique, et la répression eût été prompte et efficace, sans qu’il en coûtât rien à l’épouse ; le mari pouvait être puni, la femme protégée. Avec le jugement obtenu en police correctionnelle contre son mari pour délit de coups volontaires, elle avait la faculté d’intenter ensuite une action en séparation de corps pour sévices, et sa demande eût été nécessairement accueillie à très-peu de frais… car ici l’audition des témoins au civil devenait inutile : la seule production du jugement motivait la séparation. »

Nous reconnaissons tout ce qu’il y a de juste dans cette observation ; mais nous croyons que le vice que nous avons signalé n’en subsiste pas moins.

En effet, la femme est toujours obligée d’intenter une action en séparation de corps ; or, quoique cette demande soit accueillie à très-peu de frais, ces frais n’en sont pas moins si exorbitants, relativement à la condition du pauvre, qu’il lui devient matériellement impossible de profiter du bénéfice de la loi.

Nous avions, d’après des autorités irrécusables, porté le chiffre de la somme nécessaire pour payer les frais d’une demande en séparation de corps à 4 ou 500 fr. : en admettant que ces frais soient réduits de