Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/68

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jugement, nous condamnent à cette odieuse fréquentation, ignorent donc ce qu’elle a de douloureux et de funeste !… Ils ignorent donc qu’à la longue l’air que l’on respire ici devient contagieux… mortel à l’honneur !…

— Je vous en prie, ne parlez pas ainsi, vous me faites trop de chagrin.

— Vous me demandez la cause de ma tristesse croissante, la voilà… Je ne voulais pas vous la dire… mais je n’ai qu’un moyen de reconnaître votre pitié pour moi.

— Ma pitié… ma pitié…

— Oui, c’est de ne vous rien cacher… Eh bien ! je vous l’avoue avec effroi… je ne me reconnais plus… j’ai beau mépriser, fuir ces misérables, leur présence, leur contact agit sur moi… malgré moi… On dirait qu’ils ont la fatale puissance de vicier l’atmosphère où ils vivent… Il me semble que je sens la corruption me gagner par tous les pores… Si l’on m’absolvait de la faute que j’ai commise, la vue, les relations des honnêtes gens me rempliraient de confusion et de honte. Je n’en suis pas encore à me plaire au milieu de mes compagnons ; mais j’en suis venu à re-