Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/69

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douter le jour où je me retrouverai au milieu de personnes honorables… Et cela, parce que j’ai la conscience de ma faiblesse…

— De votre faiblesse ?…

— De ma lâcheté…

— De votre lâcheté ?… mais quelles idées injustes avez-vous donc de vous-même, mon Dieu ?

— Eh ! n’est-ce pas être lâche et coupable que de composer avec ses devoirs, avec la probité ?… et cela je l’ai fait.

— Vous ! vous !

— Moi ! En entrant ici… je ne m’abusais pas sur la grandeur de ma faute… tout excusable qu’elle était peut-être. Eh bien ! maintenant elle me paraît moindre ; à force d’entendre ces voleurs et ces meurtriers parler de leurs crimes avec des railleries cyniques ou un orgueil féroce, je me surprends quelquefois à envier leur audacieuse indifférence et à me railler amèrement des remords dont je suis tourmenté pour un délit si insignifiant… comparé à leurs forfaits…

— Mais vous avez raison ! votre action, loin d’être blâmable, est généreuse ; vous étiez