Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Hélas ! autrefois ce sort eût été le rêve, le bonheur de ma vie !… mais à cette heure… moi… sous le coup d’une accusation infamante… j’abuserais de votre admirable générosité… de votre pitié qui vous égare peut-être !… non… non.

— Mais, mon Dieu ! mon Dieu ! — s’écria Rigolette avec une impatience douloureuse — je vous dis que ce n’est pas de la pitié que j’ai pour vous ! c’est de l’amour… Je ne songe qu’à vous ! je ne dors plus, je ne mange plus… Votre triste et doux visage me suit partout… Est-ce de la pitié, cela ?… Maintenant, quand vous me parlez, votre voix, votre regard me vont au cœur… Il y a mille choses en vous qui, à cette heure, me plaisent à la folie, et que je n’avais pas remarquées… J’aime votre figure, j’aime vos yeux, j’aime votre tournure, j’aime votre esprit, j’aime votre bon cœur… est-ce encore de la pitié, cela ?… Pourquoi, après vous avoir aimé en ami, vous aimé-je en amant ?… je n’en sais rien ! pourquoi étais-je folle et gaie quand je vous aimais en ami… pourquoi suis-je tout absorbée depuis que je vous aime en amant ?… je n’en sais rien…