Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/99

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on leur avait donné la casaque et le pantalon de gros drap gris des condamnés.

Un phrénologiste aurait attentivement observé ces figures hâves et tannées, aux fronts aplatis ou écrasés, aux regards cruels ou insidieux, à la bouche méchante ou stupide, à la nuque énorme ; presque toutes offraient d’effrayantes ressemblances bestiales.

Sur les traits rusés de celui-là, on retrouvait la perfide subtilité du renard ; chez celui-ci, la rapacité sanguinaire de l’oiseau de proie ; chez cet autre, la férocité du tigre ; ailleurs enfin l’animale stupidité de la brute.


La marche circulaire de cette bande d’êtres silencieux, aux regards hardis et haineux, au rire insolent et cynique, se pressant les uns contre les autres, au fond de cette cour, espèce de puits carré, avait quelque chose d’étrangement sinistre…

On frémissait en songeant que cette horde féroce serait, dans un temps donné, de nou-

    mois, conduit à la salle de bains de la prison ; puis on soumet ses vêtements à une fumigation sanitaire. — Pour un artisan un bain chaud est une recherche d’un luxe inouï.