Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/15

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— C’est lui… c’est Rodolphe… — s’écria Sarah à Thomas Seyton.

Celui-ci s’approcha précipitamment d’un rideau, le souleva, et répondit :

— Oui, c’est le prince… il descend de voiture.

— Laissez-moi seule, voici le moment décisif… — dit Sarah avec un sang-froid inaltérable, car une ambition monstrueuse, un égoïsme impitoyable avait toujours été et était encore l’unique mobile de cette femme. Dans l’espèce de résurrection miraculeuse de sa fille elle ne voyait que le moyen de parvenir enfin au but constant de toute sa vie.

Après avoir un moment hésité à quitter l’appartement, Thomas Seyton se rapprochant tout à coup de sa sœur, lui dit :

— C’est moi qui apprendrai au prince comment votre fille, qu’on avait crue morte, a été sauvée… cet entretien serait trop dangereux pour vous… une émotion violente vous tuerait, et après une séparation si longue… la vue du prince… les souvenirs de ce temps…

— Votre main, mon frère — dit Sarah.

Puis, appuyant sur son cœur impassible la