Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque tristesse… bonheur mêlé de quelques larmes… comme toute félicité humaine, mais cette félicité, vous l’achèteriez encore au prix de la moitié des jours qui vous restent à vivre !…

— Que voulez-vous dire ? — lui demanda le prince avec surprise.

— Oui, Rodolphe, si vous n’étiez pas venu… ce secret m’aurait suivie dans la tombe… c’eût été ma seule vengeance… et encore… non, non, je n’aurais pas eu ce terrible courage… Quoique vous m’ayez bien fait souffrir, j’aurais partagé avec vous ce suprême bonheur dont, plus heureux que moi, vous jouirez long-temps… bien long-temps, je l’espère…

— Mais encore, madame, de quoi s’agit-il ?

— Lorsque vous le saurez… vous ne pourrez comprendre la lenteur que je mets à vous en instruire, car vous regarderez cette révélation comme un miracle du ciel… Mais, chose étrange, moi qui d’un mot peux vous causer le plus grand bonheur que vous ayez peut-être jamais ressenti… j’éprouve, quoique maintenant les minutes de ma vie soient comptées, j’éprouve une satisfaction indéfinissable à pro-