Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/17

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recula de surprise, sa physionomie devint aussitôt sombre et méfiante…

La comtesse, devinant sa pensée, lui dit d’une voix douce et faible :

— Vous croyiez me trouver expirante… vous veniez pour recevoir mes derniers adieux ?…

— J’ai toujours regardé comme sacrés les derniers vœux des mourants… mais il s’agit d’une tromperie sacrilège…

— Rassurez-vous — dit Sarah en interrompant Rodolphe — rassurez-vous… je ne vous ai pas trompé… il me reste, je crois, peu d’heures à vivre… Pardonnez-moi une dernière coquetterie… J’ai voulu vous épargner le sinistre entourage qui accompagne ordinairement l’agonie… j’ai voulu mourir vêtue comme je l’étais la première fois où je vous vis… Hélas ! après dix années de séparation, vous voilà donc enfin !… Merci !… oh ! merci !… Mais, à votre tour, rendez grâces à Dieu de vous avoir inspiré la pensée d’écouter ma dernière prière. Si vous m’aviez refusé… j’emportais avec moi un secret qui va faire la joie… le bonheur de votre vie… Joie mêlée de