Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/185

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faute, cette révélation me vient tout de suite aux lèvres… c’est qu’il faut tant d’empire sur moi… tu comprends, mon ami, tu comprends… Être là, devant sa fille, et se contraindre ! — Puis, se laissant emporter à un nouvel accès de désespoir, Rodolphe s’écria : — Mais à quoi bon, à quoi bon ces vaines paroles ? Je n’aurai plus jamais rien à lui dire. Oh ! ce qui est affreux, affreux à penser, vois-tu ? c’est de penser que j’ai eu ma fille près de moi… pendant tout un jour… oui, pendant ce jour à jamais maudit et sacré où je l’ai conduite à la ferme, ce jour où les trésors de son âme angélique se sont révélés à moi dans toute leur pureté ! J’assistais au réveil de cette nature adorable… et rien dans mon cœur ne me disait : C’est ta fille… Rien… rien… Oh ! aveugle, barbare, stupide que j’étais !… Je ne devinais pas… Oh ! j’étais indigne d’être père !

— Mais, monseigneur…

— Mais enfin… — s’écria le prince — a-t-il dépendu de moi, oui ou non, de ne la jamais quitter ? Pourquoi ne l’ai-je pas adoptée, moi qui pleurais tant ma fille ? Pourquoi, au