quelques chaises, nos tréteaux et Lucifer qui, deux ou trois fois, se prit à braire violemment ; nous rentrâmes alors tous dans la voiture où nous devions passer la nuit comme l’habitude.
Cette énorme voiture, vraie maison roulante, très-solidement construite, était divisée en trois compartiments : le magasin en avant, séparé par une porte du vestiaire qui était au milieu ; une autre porte séparait le vestiaire de la cabine. Elle n’avait qu’une portière à son arrière ; de petites lucarnes grillagées donnaient intérieurement du jour et de l’air ; la portière fut solidement verrouillée en dedans par la Levrasse qui dit ensuite à Basquine et à moi, en nous emmenant dans le compartiment du milieu formant le vestiaire :
— Comme vous avez beaucoup crampé aujourd’hui, mes petits amours, et que vous devez avoir besoin d’une bonne nuit, au lieu de coucher dans la cabine avec nous tous, vous coucherez seuls, mais séparément pour ne pas vous gêner, toi, petit Martin, dans le magasin de devant, toi Basquine ici dans le vestiaire… Et de plus, comme vous êtes bien gentils, vous allez boire, avant de faire dodo, chacun un bon grand verre de vin sucré… avec de la cannelle ; ça vous fera dormir comme de petits loirs… et ça vous donnera des reins et des jambes pour la représentation de demain. Voyez-vous ? les friands, ils s’en lèchent déjà les lèvres… puis se retournant du côté de la cabine :
— Eh bien, mère Major, ce vin sucré est-il prêt ?
— À la minute, mon homme, je fais fondre le sucre.
— Allons, va chez toi, petit Martin ; je t’apporterai