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— Et y passer la journée, — ajoutai-je. — Il doit y avoir des mûres comme dans les bois… nous dînerons avec ça.

— Sans compter les châtaignes… — ajouta Bamboche, en nous montrant d’énormes châtaigniers, poussés parmi les roches de l’île. — Nous mangerons des châtaignes grillées sous la cendre… quel bonheur… À l’île ! — s’écria-t-il d’un air conquérant. — Suivez-moi… À l’île !… à l’île !

— Et du feu pour cuire les châtaignes ? — dit Basquine.

— Est-ce que je n’ai pas mon briquet ?… Nous trouverons des branches mortes… je me charge du reste, — ajouta-t-il d’un air capable. — Je connais la vie des bois ; quand je bûcheronnais avec mon père, j’allumais toujours le feu… Voyons… À l’île !

— À la bonne heure, — lui dis-je. — Mais, pour traverser la rivière, c’est peut-être profond… comment faire ? Et Basquine ?

— Soyez donc tranquilles, — dit Bamboche, — je sais nager, je vais sonder le passage… S’il y a pied… nous passerons Basquine dans nos bras… S’il n’y a pas pied… je suis assez fort pour vous passer l’un après l’autre… Ce n’est pas large du tout.

Et ce disant, il ôta sa blouse, sa chemise, releva son pantalon jusqu’aux genoux et se déchaussa.

— Prends garde, — lui dit Basquine, inquiète.

— Rassure-toi, — répondit Bamboche, en coupant une longue baguette d’aune.

— N’aie pas peur, — dis-je à Basquine. — Je l’ai vu nager… il nage très-bien…