Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

femme, mise avec une certaine recherche, parut dans la cour et, d’une voix aigre, impérieuse, appela plusieurs fois très-impatiemment :

— Claude Gérard !

À ces cris le petit vacher sortit de l’étable, et dit à la femme :

— Le maître d’école n’est pas là, madame Honorine.

— Comment ! il n’est pas là ? — reprit aigrement dame Honorine, — et où diable est-il ?

— Je ne sais pas, moi… Il n’y a personne dans sa chambre, et la fenêtre est ouverte.

— Vous allez voir que je vais être forcée d’attendre M. le maître d’école, — dit dame Honorine en se parlant à elle-même avec un courroux concentré.

Et dame Honorine se mit à aller de çà de là, à quelques pas de ma logette, avec une irritation croissante.

C’était une femme de trente-cinq ans peut-être, assez petite et très-replète ; elle avait les sourcils épais et noirs, la joue rebondie et vivement colorée, l’air gaillard et hautain ; elle portait une belle robe de soie, une chaîne d’or au cou et un bonnet à nœuds de ruban, qui laissait voir ses bandeaux de cheveux noirs bien lustrés.

Dame Honorine fulminait entre ses dents depuis dix minutes environ, lorsque je vis rentrer Claude Gérard, la figure pâle, bouleversée…

Il était seul…

Mon cœur bondit de joie. Basquine et Bamboche étaient sauvés… ils n’avaient pu être atteints.

À l’aspect de Claude Gérard, dame Honorine s’avança