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— Voulez-vous m’emmener avec vous, Monsieur… je vous aiderai… et puis j’aimerais mieux vous suivre que de rester seul.

— Soit, — me dit Claude Gérard avec un sourire mélancolique. — Aussi bien, puisque tu dois, pendant quelque temps du moins, partager ma vie : cette journée, aussi complète que possible, sera pour toi une épreuve, une initiation. Allons… viens.

Je suivis Claude du regard ; il prit dans la vacherie une pioche et une bêche.

— Voulez-vous que je porte ces outils, Monsieur ?

— Prends la bêche, mon enfant, ce sera moins lourd. Je pris la bêche ; mon maître fit quelques pas, et, à la porte de l’écurie, rencontra le vacher, qui lui dit familièrement, en riant d’un gros rire :

— Vous aurez une fameuse classe aujourd’hui, Claude Gérard.

— Comment cela, mon garçon ?

— Vous aurez aujourd’hui plus d’élèves qu’hier.

— Expliquez-vous. Quels seront ces nouveaux élèves ?

— Eh… eh… mes vaches, donc.

— Vos vaches ? mais, depuis quelques jours, elles sont aux champs à l’heure de ma classe.

— Ah ! oui, mais mon maître a dit comme ça : — Pour le peu que mes bêtes broutent aux champs l’hiver pendant trois ou quatre heures, je perds le meilleur du fumier… Elles resteront donc dans l’étable toute la mauvaise saison, sans en sortir.

— Eh bien ! mon garçon, — dit Claude Gérard, — vous laisserez vos vaches à l’étable… et je tâcherai que