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» Malheureusement la force des choses en a décidé autrement. La religion du gouvernement a été surprise par des brouillons inconsidérés ; nous avons donc été obligés de subir l’école primaire.

    Médoc. — Au lieu d’aller perdre leur temps à l’école, qu’ils aillent curer un fossé, — dit un bourgeois du Gers. — Tantôt un amour propre insensé révolte les fermiers un peu aisés contre l’idée d’envoyer leurs enfants s’asseoir côte à côte sur le même banc que les indigents. Lire, écrire et compter, c’est pour eux un insigne de l’aisance, comme de pouvoir monter sur un bidet pour aller au marché, pendant que l’indigent chemine pédestrement près d’eux, comme de prendre place à la messe dans son propre banc, au lieu de s’agenouiller sur le pavé commun. »

    Puis suivent des notes extraites des rapports des inspecteurs généraux.

    « Il est une autre cause qui nuit au progrès de l’instruction : c’est l’influence qu’exercent dans les campagnes certaines personnes distinguées par leur fortune ; ces personnes prétendent qu’il est inutile de montrer à lire à des paysans qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front. — (Ardennes, cant. de Mézières, p. 185.) — Les propriétaires aisés disent qu’ils se garderont bien de faire instruire les enfants indigents de leur commune. S’il en était ainsi, ajoutent-ils, on ne trouverait plus personne pour cultiver les terres. (Gironde, p. 186.)

    » Malheureusement, la force des choses en a décidé autrement ; la religion du gouvernement a été surprise par des brouillons inconsidérés, nous avons donc été obligés de subir l’école primaire.

    » — Nous ne voulons pas, — disent les propriétaires, — instruire les enfants pauvres, parce que la culture de nos terres serait abandonnée, les enfants prendraient des métiers. (Gers.)

    » (Dordogne) — Les habitants d’une classe plus élevée ne sont pas en général favorables à l’extension des études primaires, persuadés que le paysan qui dépasse un certain degré de connaissance, devient un personnage inutile. (p. 185.)

    » (Drôme) — Les familles riches sont loin d’encourager l’instruction primaire, et témoignent hautement qu’elles