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de blouses, portaient la bière au moyen de deux traverses, que chacun d’eux tenait par un bout.

Deux personnes seulement suivaient le cercueil… une femme en noir, qui tenait par la main une petite fille, aussi vêtue de deuil. De la distance où j’étais, il m’était impossible de distinguer leurs traits.

Claude Gérard, monté sur le revers de la fosse, regardait le cortège s’approcher avec une profonde tristesse.

— Pauvre créature… — dit il, — poursuivie… humiliée jusqu’à la fin… Sans son enfant et cette vieille servante… personne n’eût suivi son cercueil…

Le peu de paroles que m’avait dites Claude Gérard au sujet de la mort de cette femme, me serraient le cœur. Il me semblait que je n’étais plus tout-à-fait étranger à ces funérailles, et que j’avais pour ainsi dire le droit de m’y intéresser.

Le convoi disparut pendant quelques minutes derrière la haie dont le cimetière était entouré, mais bientôt les chants se rapprochèrent, le cercueil entra dans l’enceinte… les deux personnes qui seules le suivaient, me furent d’abord cachées par les porteurs et par le prêtre ; mais, au tournant de l’allée du cimetière, je reconnus Régina… une femme âgée l’accompagnait…

Sans l’arbre vert au tronc duquel je m’appuyais, je serais, je crois, tombé à la renverse, de stupeur et d’effroi ; heureusement Claude Gérard ne put remarquer mon trouble : il était resté au bord de la fosse qu’il devait combler après avoir aidé à y descendre le corps.

Tremblant d’être vu et reconnu par Régina, je me