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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/350

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Je voyais enfin je ne sais quelle étrange coïncidence entre l’apparition inattendue de Régina, et la bonne résolution que j’avais prise de revenir au bien. Cet incident singulier était pour moi une sorte de consécration de cette pensée : que toutes mes bonnes tendances me rapprocheraient de Régina.

M’en rapprocheraient ?… non… ce n’est pas le mot, car je ne pouvais espérer de la revoir, bien moins encore de jamais l’approcher… mais il me semblait, tout en reconnaissant l’extravagance de cette passion enfantine et sans issue, que plus je deviendrais honnête homme, plus j’aurais pour ainsi dire le droit de songer à Régina, pensée douce et amère, secret sacré que je me promettais d’ensevelir pour toujours au plus profond de mon cœur.

Maintenant, mûri par les années, je m’expliquerais à peine, comme ces idées bizarres, je dirais presque d’une sensibilité raffinée, avaient pu naître chez un enfant de mon âge ; mais je les comprends, en faisant la part de cette précocité de sensations que l’exemple des amours de Basquine et de Bamboche avait éveillée et développée en moi.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

En m’abandonnant à ces réflexions, je m’acheminais lentement vers le cimetière.

La brise, redoublant de violence, avait chassé une partie des nuages qui jusqu’alors obscurcissaient la lune ; elle brilla bientôt d’un vif éclat, la neige cessa de tomber ; mais elle couvrait tout le champ du repos comme un vaste linceul.

Le silence profond, solennel, était seulement inter-