trouvé durant cette soirée ; il paraissait alors complètement ivre.
— Tiens, ça se trouve bien, — dit le cabaretier en voyant le fiacre. Êtes-vous chargé, mon brave ? — demanda-t-il au cocher.
— Non, — dit celui-ci.
— Alors, voilà une pratique, et une fameuse, — dit le cabaretier en montrant l’homme qu’il tenait sous le bras, puis il lui cria à l’oreille :
— Monsieur, voilà un fiacre.
— Bon, aidez-moi, — reprit l’inconnu.
On le hissa non sans peine dans la voiture.
— Votre adresse, bourgeois ? — dit le cocher.
— À l’entrée… des… Champs-Élysées… vous y trouverez un fiacre jaune… vous m’arrêterez… auprès… — répondit lentement l’homme ivre, avec cette lucidité que les ivrognes conservent parfois pour certaines choses, malgré le trouble de leur raison.
— Voilà pour ta course… — ajouta-t-il, et il laissa tomber moitié dans la main du cocher, moitié dans la rue, la monnaie de la pièce d’or qu’il avait changée.
Après quelques instants de recherche, le cocher s’écria joyeusement :
— Dix-sept francs !.. quelle aubaine !… il n’y a que les pochards pour être de pareilles pratiques ; — puis, ayant sans doute quelque scrupule d’accepter ce pour-boire considérable, il dit à sa généreuse pratique :
— Vous me donnez dix-sept francs, Monsieur… le savez-vous ?… dix-sept francs ?…
— Oui… garde-les… ces dix-sept francs… ta course est longue… mais… ne va pas trop vite…