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maison dont vous avez été l’orgueil, je serais heureux de vous prouver l’estime que je fais de vous, l’un des plus brillants élèves de l’Université, en vous offrant une place au dortoir et au réfectoire de la maison, pendant… quinze jours… Après quoi, cher Monsieur Requin, croyez que mes vœux vous accompagneront toujours dans la carrière que vous jugerez à propos de suivre.

» À ces mots : — suivre une carrière, je restai stupide, abasourdi, pétrifié.

» Quelle carrière allais-je suivre ? je n’avais de ma vie pensé à cela, et M. Raymond, exploitant mon présent, ne s’était pas le moins du monde occupé de mon avenir. À quoi étais-je bon, à quoi étais-je propre, avec ma pacotille d’une trentaine de couronnes fanées, avec mes cent cinquante volumes de prix magnifiquement reliés, sans compter mes qualités d’excellent humaniste ? Je sentis alors combien j’avais eu raison de me trouver très bête malgré mes succès, et je regrettai plus amèrement que jamais l’établi de mon pauvre oncle le tailleur.

» Le successeur de M. Raymond devina mon embarras, et me dit :

» — Cher Monsieur Requin, après vos brillantes études, vous devez nécessairement, pour qu’elles vous soient fructueuses, vous faire d’abord recevoir bachelier-ès-lettres, puis suivre les cours de l’école de médecine, de l’école de droit ou de l’école normale, afin de devenir médecin, avocat, notaire, avoué ou professeur ; mais, pour suivre ces cours, il faut avoir de quoi vivre, de quoi payer les inscriptions. Avez-