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vous de quoi vivre ? avez-vous de quoi payer vos inscriptions ?

» — Je n’ai rien du tout que mes couronnes, mes livres et le mobilier de mon père : un lit, une commode, une table et deux chaises.

» — Cela n’est pas suffisant, — me répondit le successeur de M. Raymond, avec son air froid et méthodique ; — je vous aurais bien proposé de faire ici des répétitions ; mais un professeur qui a été le camarade de presque tous les élèves ne peut jamais avoir l’autorité nécessaire pour les dominer, surtout lorsque sa timidité naturelle, et… et je me permettrai même de dire… lorsque son physique… n’est malheureusement pas tout-à-fait apte à commander ce respect, sans lequel il n’est pas de subordination possible.

» — Je n’ai pas de quoi étudier pour être médecin, ou avocat, ou notaire, c’est vrai, — m’écriai-je de plus en plus ébahi ; — mes élèves, si j’en avais, me riraient au nez, c’est tout simple, je n’aurai jamais le courage et la fermeté nécessaire pour leur imposer, ça va de soi-même ; mais alors qu’est-ce que vous voulez donc que je fasse ?

» — C’est une question à laquelle il m’est impossible de répondre, cher Monsieur Requin ; je n’ai pas résolu le problème de votre avenir : je l’ai posé clairement devant vous ; la solution future vous regarde, et, ainsi que j’ai eu l’honneur de vous le dire au commencement de cet entretien, mes vœux vous accompagneront toujours dans quelque carrière que vous suiviez.

» — Mais, Monsieur, puisque toutes celles que je pourrais parcourir me sont fermées, parce que je suis