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— L’auteur ! l’auteur !

Cet appel flatteur ne parut pas faire violence à la modestie de l’auteur du fait si admiré, il s’avança au bord de la loge d’un air extrêmement satisfait de lui-même, et salua cavalièrement le public en mettant la main sur son cœur avec un air de confusion grotesque.

Les cris, les bravos redoublèrent. L’homme aux grands bras voulant sans doute alors faire participer à cette flatteuse ovation une personne qui l’accompagnait, se retourna, et moitié de gré, moitié de force, il amena au milieu de la loge une assez jolie femme, à l’air effronté, quoiqu’un peu troublée par cette présentation inattendue.

Les avis furent partagés sur ce procédé de l’homme aux grands bras :

Les uns l’applaudirent avec enthousiasme, et ceux-là… il les salua de nouveau.

Les autres sifflèrent (Scipion Duriveau et son camarade furent de ce nombre) ; l’homme aux grands bras les salua aussi avec un imperturbable sang-froid.

Une division hostile allait peut-être éclater entre les siffleurs et les approbateurs, lorsque les neutres dans la question réclamèrent à grands cris la continuation de la pièce…

Ce dernier avis réunit les dissidents, le silence se rétablit peu-à-peu. L’homme aux grands bras s’assit d’un côté de sa loge, la jeune femme à l’air effronté s’assit de l’autre, et la pièce continua.

Quant à moi… je restais immobile… palpitant… Dans l’homme aux grands bras je venais de reconnaître Bamboche.