Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/412

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tèrent encore mon intérêt pour elle ; toutes ces particularités, Claude les tenait du capitaine Just.

Ces deux hommes, une fois rapprochés par le hasard, s’étaient trouvés tant de points de contact, qu’ils se lièrent bientôt d’une étroite amitié. Venant un jour à parler de l’ignoble esprit de négoce et de la cupidité sordide qui, de par l’autorité paternelle, préside presque toujours aux mariages des jeunes filles riches, pauvres créatures ainsi mariées sans amour, sans désirs, sans foi dans l’homme qu’elles épousent, sans respect pour un lien qu’aucune sympathie ne resserre, et forcées de choisir entre une vie morne, froide qui glace le cœur, ou l’entraînement des passions coupables. À propos de jeunes filles, le capitaine Just cita comme type de beauté, de charme, d’esprit et de vaillance une jeune personne que son père, le docteur Clément, connaissait depuis longues années… Mlle Régina de Noirlieu…

Claude écouta son nouvel ami avec un redoublement d’attention, mais sans laisser pénétrer l’intérêt qu’à cause de moi il portait à Régina. Le capitaine Just lui apprit que l’un des plus grands chagrins de Mlle de Noirlieu résultait de l’éloignement que lui témoignait son père, qui l’avait pourtant idolâtrée pendant son enfance et sa première jeunesse : l’injuste accusation qui pesait encore sur la mémoire de la mère de Régina, était le seul motif de l’aversion du baron de Noirlieu, qui avait cru découvrir, depuis peu d’années, que Régina n’était pas sa fille. La baronne de Noirlieu avait cependant dit en mourant : — « Un serment m’oblige à me taire… même à cette heure suprême ; mais, un jour, mon innocence sera reconnue. » Les espérances de Régina à