Le prince me parut froid, distrait, et affecter envers sa femme une politesse presque cérémonieuse ; tel fut, à-peu-près, leur entretien après quelques paroles insignifiantes.
— Vous sortez ce soir ? — dit le prince à sa femme.
— Oui… je vais aux Italiens.
— Mais, ce n’est pas votre jour ? il me semble.
— Madame Wilson me donne une place dans sa loge, elle vient me prendre, et nous irons ensuite chez Mme de Beaumenil.
— Il y a grand bal ? je crois.
— Elle ouvre son nouvel hôtel… On dit que c’est merveilleux, éblouissant… n’y viendrez-vous pas un instant ?
— Certes non, — dit le prince, — je déteste ces cohues où l’on est convié de venir louer en chœur un faste insolent, quand il n’est pas ridicule, à moins qu’il ne soit à la fois insolent et ridicule ; d’ailleurs je soupe ce soir avec quelques amis chez Véry ; de là, nous partons pour Fontainebleau, où nous allons chasser pendant plusieurs jours.
— Vous serez absent long-temps ?
— Six ou huit jours au moins… le temps de faire trois ou quatre chasses, l’équipage ne pouvant chasser que tous les deux jours.
— Ce sera une partie charmante ; serez-vous nombreux ?
— Non, pas trop, le marquis d’Hervieux et son beau-frère, maître de l’équipage, Blimval, Saint-Maurice, Thionville, moi et Alfred de Dreux, le célèbre peintre de chevaux, qui peindra des sujets d’après nature…