Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui de l’écurie conduisait à la soupente, et malgré ma faiblesse, malgré l’étourdissement dont j’étais encore saisi, je reconnus tout d’abord la bonne et honnête figure du cocher de fiacre qui m’avait conduit durant la première journée de mon séjour à Paris.

— Ah… enfin !! vous voilà les yeux ouverts, — me dit-il joyeusement, — le médecin disait bien que vous n’étiez malade que de besoin,… ce qui s’est vu du reste, car lorsqu’on vous a eu fait boire un peu de bouillon coupé… vous avez déjà paru mieux…

— Comment suis-je ici ? — lui demandai-je avec émotion, — grâce à vous sans doute ?

— Je le crois bien, et je m’en vante, mon garçon, je vas tout de suite vous conter ça, afin de ne pas vous faire chercher, votre tête se fatiguerait, ça ne vaudrait rien ; voilà donc la chose. Hier, dans l’après-dînée, une jolie petite dame, voile baissé, et le nez idem, nous connaissons cela, vient à ma station, me fait signe de lui ouvrir ma voiture, et, leste comme une petite chatte, saute le marche-pied, tire le store, et me dit : — Cocher ! barrière de l’Étoile ! une fois sur la route de Neuilly, vous irez au pas. — Connu, mes amours. Je remonte sur mon siège, j’arrive à la route de Neuilly ; je me mets au pas… Au bout de cinq minutes, la petite dame me tiraille de toutes les forces de sa petite main par le collet de mon carrik, en me criant : — Cocher ! arrêtez, s’il vous plaît, et ouvrez la portière. — Je descends, j’ouvre la portière, à qui ? à un beau jeune homme, qui monte en me disant : — Cocher, faubourg Montmartre, près la barrière, vous nous arrêterez dans les terrains en construction. — Je fouette mes bêtes, une fameuse