Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/100

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Au moment où j’entrai, M. Dumolard s’écriait :

— Je réponds de ma sœur, elle n’a rien à faire ce soir ;… je vais la prévenir, elle vous attendra, Madame la princesse, et moi aussi, je serai votre chaperon… à toutes deux. Ah ça ! vous ne voulez donc pas de ma voiture ? J’adore prêter ma voiture, c’est ma spécialité… eh !… eh !…

— Vous êtes trop obligeant, — répondit la princesse en souriant — et elle me dit :

— Vous demanderez ma voiture pour six heures et demie.

Au moment où je sortais, le beau d’Erfeuil disait à la princesse :

— C’est bête comme je ne sais quoi, les mélodrames, mais c’est égal, j’aime à tout voir… moi.

Et le beau jeune homme sourit d’un air malicieux.

— Moi, j’aime, au contraire, à arriver à la moitié, c’est bien plus drôle, — dit le gros M. Dumolard ; — ça fait l’effet d’une charade, on cherche le mot jusqu’à la fin, et…

Malheureusement, m’éloignant de plus en plus, je perdis la fin de cette belle réflexion.

— C’est singulier, — ai-je pensé en me retirant, — il me semble que je trouverais autre chose à dire, si j’avais l’honneur d’être admis dans le salon de Mme de Montbar.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La princesse est rentrée sur les une heure du matin ; sa physionomie n’était pas triste, abattue, ainsi que je l’avais vue plusieurs fois au retour du bal ; elle était pensive, réfléchie, presque austère.