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Plus de doute : en acceptant cette partie de spectacle, ce souper improvisé, Régina avait cherché une distraction forcée à des pensées graves, alarmantes peut-être pour elle.

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Un pressentiment m’avait dit hier que le capitaine Just viendrait aujourd’hui ; je ne me suis pas trompé.

Ce matin, après que je lui ai eu servi le thé, Régina m’a dit, de l’air le plus naturel du monde :

— Vous avertirez à la porte que je ne suis chez moi que pour M. d’Erfeuil… M. Dumolard… ou M. d’Hervilliers, s’ils se présentaient.

J’étais stupéfait de cet ordre ; au moment où je me retirais, la princesse ajouta :

— J’y serai aussi pour M. Just Clément… si… par hasard il venait.

Alors, je compris tout.

Régina a eu la même pensée que moi, elle est sûre que Just viendra ; et afin de le voir seule à seul, elle a fait fermer sa porte à tout le monde, sauf à trois personnes qui, étant venues hier, ne doivent certainement pas revenir aujourd’hui.

Je devinai enfin que Just, par un scrupule d’une délicatesse exquise, n’avait pas voulu demander à Régina de le recevoir, comme par le passé, à une heure particulière… Par cela même que Régina lui devait beaucoup, depuis le duel, il craignait sans doute de solliciter d’elle la moindre préférence…

Vers les deux heures, j’ai entendu s’arrêter extérieurement à la porte de l’hôtel un modeste fiacre, probablement, car les carrosses bourgeois entraient seuls