Aller au contenu

Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nait l’élégant oisif, dont la vie se passait facile, heureuse, indépendante, sans lutte, sans soucis, sans devoirs austères, tandis que l’attitude presque rigide du capitaine Just, ses traits virils, déjà fortement accentués par les fatigues et les dangers de la guerre, par de profondes méditations, annonçaient au contraire des habitudes de travail, de devoir, de subordination, et par cela même de sévère autorité…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chose étrange… une comparaison étudiée entre l’extérieur et le mérite de Just et du prince… telles ont été pourtant les idées qui d’abord m’ont absorbé durant l’entrevue de Régina et de Just ; puis elles ont amené la comparaison la plus humiliante, la plus jalouse, la plus douloureuse entre moi et ces deux hommes qui, à tant de titres, allaient peut-être se disputer le cœur de Régina, tandis que moi…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Que j’ai souffert, mon Dieu ! pendant cette entrevue !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À trois heures et demie ils se sont séparés.

Je m’étais préparé à de grands efforts d’observation, de perspicacité, afin de tâcher de deviner sous quelle impression Just se trouvait en quittant Régina… J’aurais dû m’épargner ces préparatifs de pénétration : les hommes de la trempe du capitaine cherchent ou parviennent rarement à cacher leur émotion… Lorsqu’il sortit de chez Régina, ses traits étaient altérés, il semblait encore sous l’empire d’une commisération profonde, douloureuse, et il ne put retenir un soupir en me disant :