Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/114

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par l’héroïque lieutenant, à la tête de sa petite troupe, électrisée par son audace et par son exemple ; quoique blessé d’un coup de sabre au front et d’une balle à l’épaule, l’intrépide officier s’est retiré le dernier de la muraille, comme il s’y était élancé le premier. Lors de cet engagement, six soldats furent tués, trois autres assez grièvement blessés ; le soir du second jour, munitions et vivres manquaient aux assiégés ; la nuit venue, les Arabes allumèrent leurs feux et campèrent ainsi que la veille autour du marabout, comptant réduire cette poignée de soldats par la famine. Le lieutenant, décidé à faire une sortie et à tenter une trouée à travers les Arabes, réunit ses soldats, leur fait jurer de ne pas abandonner les trois blessés qui eussent été impitoyablement massacrés ; il électrise enfin tellement sa petite troupe que, sur le minuit, la sortie eut lieu, ce fut un terrible engagement à l’arme blanche ; mais grâce à l’épaisseur des ténèbres, au courage prodigieux des soldats du génie dont cinq tombèrent encore, les onze soldats restant et leur officier traversèrent le camp, et sauvèrent deux blessés sur trois qu’ils avaient emportés ; pendant la nuit qui protégea leur fuite, le lieutenant se relaya avec les soldats pour porter à son tour un sergent auquel il était fort attaché… Au point du jour, la petite troupe se rallia, s’attendant à être poursuivie et entourée ; heureusement elle rencontra deux bataillons d’infanterie, se rendant à Oran. Cet intrépide officier se nommait Just Clément ; déjà décoré sur le champ de bataille, pour une action d’éclat, il a été nommé capitaine pour ce nouveau fait d’armes.