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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/128

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— Tiens… je parle de Madame… Vous croyez que, belle, jeune… et… et… enfin pleine de santé comme elle est, ça doit lui être agréable de dormir comme ça seule depuis si long-temps…

— Ah !… je ne savais pas…

— C’est pourtant assez facile à voir que le prince est de plus en plus mal avec Madame… Voilà plus d’un an que la porte de communication avec l’appartement de Monsieur est verrouillée… et rouillée, allez…

— J’ignorais cela… vous concevez…

— Oh ! mais, nous autres, nous savons bien des choses… Aussi, Martin, je vous jure que je peux bien dire, en parlant de Madame :… pauvre femme !

Cette conversation… dans cette chambre, auprès de ce lit, me faisait un mal affreux.

Espérant y couper court, je dis à Mlle Juliette :

— Voici le lit terminé… avez-vous encore besoin de moi ?

— Je crois bien… et vider la baignoire, donc ! La soupape est dérangée ; il faut tenir le cordon à la main pour que l’eau s’écoule tout-à-fait, c’est ce qui me ferait perdre le plus de temps.

— Madame est sortie de si bonne heure, que je ne croyais pas…

— Qu’elle eût pris son bain ? Ah ! bien oui, comptez qu’elle y manque jamais… D’ailleurs, dans ce temps-ci, il est bientôt prêt, son bain ; Madame le prend froid… Aussi, allez, quand je la sors de cette eau parfumée de verveine pour lui jeter sur les épaules de la poudre d’iris… Madame a la peau si fraîche, malgré