Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/127

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— C’est que… je craignais de… la laisser tomber, — dis-je en balbutiant.

Heureusement Mlle Juliette partit d’un éclat de rire et me dit sans remarquer mon trouble :

— Ah çà ! est-ce que vous croyez que ça se casse comme du verre ?

— Vous avez raison… mais… c’était à cause des dentelles.

— Les dentelles ne sont pas plus fragiles ; vous autres hommes vous ne connaissez rien à cela ; maintenant, ôtez les draps du lit pendant que je vais déplier les blancs.

Et d’une main agitée je touchai la couverture de soie et les draps de ma maîtresse… Pourtant… malgré l’âcre volupté que j’éprouvais… découvrir ce chaste lit me parut une action indigne, sacrilège… ma main hésita… mais Juliette me dit :

— Vite, vite, Martin… dépêchons-nous.

Alors j’ai enlevé la couverture… Sur l’épaisseur un peu ferme du matelas recouvert de taffetas orange, de légères dépressions indiquaient la place naguère occupée par ma maîtresse… je tournais le dos à Mlle Juliette… en retirant le drap, j’y ai attaché mes lèvres… mes genoux ont failli se dérober sous moi.

— Allons, voilà les draps dépliés, — me dit ma compagne, — retournez bien à fond les matelas, s’il vous plaît, Martin, et puis nous étendrons les draps.

Puis, Mlle Juliette ajouta avec un soupir de commisération :

— Ah ! pauvre femme !

— À qui en avez-vous, Mademoiselle Juliette ?