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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/130

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certitude… et pourtant je dois le dire, je me trompais, je l’ai su plus tard, Régina était pure.

— Bonjour Martin, — m’a dit affectueusement le capitaine, — je suis aise de vous revoir…

Le bonheur rend si familier, si cordial, pensai-je.

Et je repris tout haut :

— Vous êtes bien bon, Monsieur Just.

— Mais je vous trouve pâle, changé, Martin, est-ce que vous avez été malade depuis mon départ ?

— Non, Monsieur Just… je me porte bien ; mais, voyez, il y a des jours comme cela… où l’on a moins bon visage.

— Et vous vous plaisez toujours ici, j’espère ?

— Oui, Monsieur Just.

— Tant mieux… la princesse est chez elle ?

— Oui, Monsieur Just.

Non, m’était venu aux lèvres ; c’était stupide… mais le bonheur de cet homme me révoltait.

J’ai précédé le capitaine ; je l’ai annoncé à Régina.

Il a marché vivement vers elle. Elle lui a tendu la main ; puis, me voyant rester immobile auprès de la portière que je venais de soulever, elle m’a regarde d’un air surpris et m’a dit :

— C’est bien…

Just s’est aussi retourné vers moi…

J’ai senti combien ma persistance à demeurer là était absurde ; je me suis retiré, l’envie et la rage au cœur.

Soudain la voix de la princesse m’a rappelé.

— Martin, relevez cette portière ; il fait si chaud, que l’air du salon entrera ici.

J’ai obéi avec un dépit concentré, car je me propo-