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C’est ma femme de chambre ; elle a été pendant quinze ans chez la fameuse duchesse de Rullecourt, et ma ministresse fait la roue pendant que les autres enragent.

— Oh ! comme c’est ça ! — s’écria Leporello en éclatant de rire. — Je connais un imbécile de maître qui salue toujours son cocher le premier, parce que cet Anglais a servi chez le fameux lord Chesterfield.

— Autre comédie, — reprit Astarté. — Du matin au soir, ma maîtresse est à me dire : Ma chère petite (elle est familière… — dit Astarté en manière de parenthèse avec une incroyable insolence), ma chère petite, comment s’habillait Mme la duchesse ? comment se coiffait Mme la duchesse ? quel linge portait Mme la duchesse ? quels bonnets de nuit portait Mme la duchesse ?… Je crois, Dieu me pardonne ! qu’un jour elle me demandera comment Mme la duchesse…..

Un éclat de rire général interrompit à propos la verve d’Astarté, qui reprit :

— Et le ministre donc ! c’est la même chanson sur un autre air. Comme ce bourgeois est aussi vaniteux qu’ignorant du savoir-vivre, il est toujours à me dire : — Ma bonne (épicier, va !!) ma bonne, est-ce que ça se faisait comme ça chez M. le duc ?… Ma bonne, comment s’habillait M. le duc, le soir ? Ma bonne, comment servait-on à table chez M. le duc ?

— Vous ne nous dites pas tout, belle Astarté, — dit galamment l’homme de confiance de l’homme politique. — Je suis sûr que votre ministre vous a dit : Ma bonne, est-ce que M. le duc ne vous faisait pas la cour ?

— Il n’y a pas de doute, — reprit Astarté ; — il a un