Aller au contenu

Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon vieux… j’ai des peines de cœur.

Le prince partit d’un éclat de rire sardonique et reprit :

— Des peines de cœur ? toi ? ça doit être curieux, raconte-moi ça.

— Figure-toi… mon vieux… que j’ai une femme…

— Ah ! diable…

— Eh bien !… mon pauvre vieux… ma femme…

— Ta femme ?

— Elle me fait l’effet de m’enfoncer… de m’abîmer avec un autre…

— Vraiment — dit le prince, et son visage s’assombrit ; soudain, son sourire devint presque douloureux — vraiment, mon pauvre garçon… ta femme… te cause des peines de cœur ?

— Une bien belle femme pourtant !…

— Ce sont toujours celles-là… Et tu es sûr ?

— Trop sûr, mon pauvre vieux… et avec ça… un militaire…

— Un militaire ?

— Un soldat du génie…

Le prince tressaillit, devint pourpre, mais il se contint.

— Un homme superbe… cinq pieds six pouces, et si tu le voyais en uniforme, mon pauvre vieux… en uniforme surtout… il est…

— C’est bon,… me dit brusquement M. de Montbar en frappant sur la table — assez…

— N’est-ce pas, mon vieux… c’est tout de même fichant de se dire… ma femme… une si belle femme… me…