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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/190

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là-bas les gendarmes, ils s’efforcent de percer la foule pour venir à notre aide.

Je n’avais pas achevé qu’un Turc et un athlétique débardeur s’élançaient sur l’escalier.

— Tu en veux donc aussi ?… — dis-je au Turc.

— Oui… je veux t’en donner, — et il me frappa…

Je levais mon bâton pour riposter, lorsque le compagnon du Turc se jeta brusquement à genoux, me prit par les jambes, et me fit tomber. Le prince, à son tour, frappa le coup que j’aurais dû porter ; mais ma chute fut le signal d’un assaut général ; au moment où, avec des efforts inouïs, je parvenais à me relever, je vis M. de Montbar renversé, foulé aux pieds, frappé au visage… et le Turc, à genoux sur sa poitrine, lui serrant le cou. Un instant dégagé de mes adversaires, je me jetai sur le Turc, je le saisis aux cheveux, et, le renversant en arrière, je débarrassai ainsi le prince. Il put se mettre alors sur ses genoux et parer au moins de ses deux bras la grêle de coups qu’on lui portait…

Heureusement alors les trois ou quatre gendarmes, témoins éloignés de cette scène, étaient parvenus à grand’peine à faire une trouée à travers la foule. À leur aspect, ainsi que cela arrive toujours, les plus forcenés de nos agresseurs disparurent ; la foule reflua sur elle-même, et il se fit un grand vide autour de l’escalier, théâtre du combat.

Nous avions été si évidemment provoqués, le sang qui coulait du visage du prince témoignait tellement de la brutalité de l’attaque dont nous étions victimes, que les gendarmes, généralement disposés à arrêter battus et battants, lors des rixes fréquentes dans ces lieux perdus,