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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/189

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— Mais y sont deux… deux bien-mis, — cria une voix, — l’autre Pierrot a pris aussi un bâton de chaise…

— Faut leur enfoncer dans la gueule, leurs bâtons de chaise…

— À vous… à vous ! les gendarmes !…

— Qu’est-ce que ça nous, f…, les gendarmes ? serrez les rangs… — dit l’homme habillé en sauvage, — le temps de casser une pipe, et il n’en restera rien… de ces deux bien-mis

— Soyez prêts, — dis-je tout bas au prince, — le moment est venu, à la première voie de fait, imitez-moi.

— Ah ! Monsieur… dévorer tant d’insultes, — murmura M. de Montbar, livide de fureur, mais plein d’énergie et de courage.

À peine lui avais-je recommandé de se tenir prêt à tout, que le sauvage, gravissant les dernières marches de l’escalier, arriva jusqu’à nous. Je me plaçai devant le prince, et dis au sauvage, en le regardant sans reculer d’une semelle :

— Voyons… touche-moi !

— Tu vas me manger ?

— Touche donc !

— Tiens !!! — me dit cet homme en levant la main sur moi ; mais avant qu’il m’eût atteint, un rude coup de bâton de chaise que je lui assénai entre les deux yeux, le fit rouler au bas de l’escalier.

Cet acte de vigueur intimida un instant les assaillants.

— Tenons bon ici seulement deux ou trois minutes, — dis-je au prince, — et nous sommes sauvés. Je vois