Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/197

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pour eux des droits qu’on leur déniait. Cette magnifique carrière de votre aïeul devait être d’un grand enseignement pour vous, Monsieur… Un jour, vous l’avez compris,… un jour, votre noblesse… votre vraie noblesse… celle de l’âme, s’est enfin révoltée contre votre vie stérile, contre ces égarements, au souvenir desquels, ce soir… je vous ai vu écrasé de honte, de douleur, en songeant à ces profanations infâmes que j’ai voulu vous rendre plus frappantes encore, en prenant l’ignoble langage des misérables que vous fréquentiez.

— Mais Monsieur… que je sache enfin si vous êtes un ami ou un ennemi, — s’écria le prince, ému malgré lui ; — si vous êtes un ami, pourquoi ce mystère ?… Et d’ailleurs, Monsieur, — ajouta le prince, honteux de laisser pénétrer ses impressions, — de quel droit me parlez-vous ainsi ? je ne veux pas que…

— Oh ! vous m’entendrez jusqu’au bout, — m’écriai-je. — En vain vous voulez me le cacher ; vous êtes ému, non de mes reproches, je n’ai pas le droit de vous en faire ; mais de la sympathie que je vous témoigne, en homme de cœur, fait pour comprendre, pour honorer la résolution généreuse que vous aviez prise… car cela était beau et bien, et noble à vous, Monsieur, de vouloir reconquérir l’affection de Mme de Montbar, en vous montrant aussi épris d’elle que par le passé, mais ayant de plus que par le passé une valeur morale qui vous replaçait à votre rang. Hélas ! pourquoi n’avez-vous pas persisté dans cette voie généreuse ?… Pourquoi ce découragement funeste ?

— Pourquoi ? — s’écria le prince, entraîné malgré lui, soit par la force même de cette étrange situation,