Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

soit par l’émotion que lui causaient mes paroles. — Pourquoi je n’ai pas persisté ? — Puis s’interrompant brusquement : — Mais je suis fou de vous répondre… quel droit avez-vous à mes confidences ? qui êtes-vous enfin, Monsieur, vous qui savez mon passé, les particularités intimes de ma vie, les secrets de mon cœur ? Oui, qui êtes-vous, vous qui voulez m’arracher des confidences que je n’ai faites à personne ? vous qui m’amenez à tâcher de me justifier à vos yeux ? vous que je ne connais pas, qui êtes là… dans l’ombre, à côté de moi ; vous enfin que je n’ai jamais vu que vêtu d’un costume ridicule, et la figure cachée sous un masque grotesque ? Encore une fois, suis-je bien éveillé ? Tout ce qui se passe dans cette nuit funeste, n’est-il pas un rêve ? Que voulez-vous de moi ? quel est votre dessein ? êtes-vous un ennemi, êtes-vous un ami ? répondez, Monsieur ! répondez !

Puis sans me donner le temps de dire une parole, le prince continua avec une sorte d’égarement :

— Après tout, ami, ennemi, que m’importe… vous savez sur moi de tels secrets, Monsieur, qu’il faut que j’aie votre vie ou que vous ayez la mienne… Et maintenant, puisque vous voulez des confidences… une de plus… que m’importe… demain vous les paierez cher !! Merci d’ailleurs, Monsieur, depuis long-temps cachés, ces affreux chagrins m’étouffaient… l’enfer m’envoie un confident !! eh bien ! oui, j’adore toujours ma femme… et elle me méprise… et elle aime un autre homme… oui… pour la ramener à moi, j’ai voulu être meilleur… avoir une vie plus digne… si je n’ai pas persisté dans ses tendances,… c’est que je