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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/210

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vous racontez franchement à Mme de Montbar comme vous me l’avez raconté à moi-même, par quelle fatalité vous avez été poussé à cet étrange passion des contrastes. Mme de Montbar vous plaindra, vous estimera, Monsieur, parce que, dans cet aveu, vous aurez été sincère et digne…

— Cet aveu… à elle… et maintenant, — répondit le prince en réfléchissant.

— C’est, je crois, Monsieur, votre seule chance de salut… après cet aveu… vous lui dites…

Puis m’interrompant de peur de blesser l’amour-propre de M. de Montbar, je repris cordialement :

— Excusez-moi, de grâce, Monsieur, si je parais ainsi vous dicter votre conduite et jusqu’à vos paroles… mais…

— Continuez… continuez, je vous en conjure, — me dit le prince avec une résignation qui me navra, — ma cause serait gagnée… si je sentais, si je parlais comme vous !

— Cette modestie même prouve que sentiment et langage tout cela est en vous, Monsieur ; je continue donc puisque vous le permettez…

— Je vous en supplie.

— Vous dites donc à Madame de Montbar :

— « Après une telle confidence, Madame, je n’ai plus aucune espérance à attendre ; j’ai perdu votre affection, j’ai dû la perdre ; une fausse honte, un mauvais orgueil m’a d’abord fait vous cacher les souffrances que vos froideurs m’ont causées, car je vous ai toujours aimée… je vous aime toujours profondément, Madame, c’est une des fatalités de ma position, il m’est